Ansible - Les playbooks
Découverte des playbooks, élément essentiel d'Ansible qui va nous permettre d'organiser et structurer nos tâches !
- Préambule
- Pré-requis
- Introduction
- Les playbooks
- Les tâches
- Point de progression
- Aller plus loin avec les sources
Préambule
Ce cours est utilisé dans le cadre de TP au sein de l'IUT Lyon 1. Il est notamment dispensé à des étudiants peu ou pas familiers avec les stratégies d'automatisation et de déploiement des infrastructures. Bien que très axé débutants il peut également représenté une possibilité de monter « rapidement » pour certaines équipes sur les principes fondamentaux d'Ansible afin de disposer du bagage minimal nécessaire à son utilisation.
Il s'agit bien évidemment de supports à vocation pédagogique qui ne sont pas toujours transposables à une activité professionnelle.
Pré-requis
Disposer d'un environnement de travail Ansible fonctionnel, si ça n'est pas encore le cas vous pouvez jeter un oeil ici !
Introduction
Un playbook Ansible est un élément central pour Ansible puisque c'est dans ce fichier de configuration (écrit en YAML toujours), que l'on va organiser et indiquer quelles actions nous souhaitons déclencher à Ansible.
Les playbooks décrivent des « tâches » à exécuter sur des groupes de machines identifiés dans les inventaires, ils sont écrits à l'aide du format YAML.
La syntaxe Yaml
Yaml est un langage ou plutôt un format, qui permet de sérialiser des données afin qu'elles restent lisiblent pour nous. Les données sont organisées sous la forme de paire clé/valeur dans des listes ordonnées, il est de plus en plus utilisé notamment pour les fichiers de configuration.
Les playbooks
Afin de rentrer dans le vif du sujet nous allons écrire un playbook relativement simple utilisant un module que nous avons vu précédemment, le module ping. Nous avons vu que les modules Ansible peuvent être utilisés en ligne de commande pour exécuter une tâche ponctuelle mais rappelons que le but d'Ansible est en premier lieu, d'automatiser les choses et donc de les rendre réutilisables !
Structure générale d'un playbook
Créons un nouveau fichier que nous appellerons example.yml
dans notre répertoire de travail (pour rappel de mon côté workspace/ansible
) contenant:
---
- hosts: web
tasks:
- name: Check if host is alive # Description of the task
ansible.builtin.ping: ~
La structure YAML permet une compréhension relativement aisée du contenu, on identifiera ainsi:
- Une clé principale appelée
hosts
permettant de définir les « hôtes » ou plutôt les machines concernées par les tâches qui vont suivre (identifiées par leur groupe d'appartenance); - Une clé
tasks
permettant de définir les différentes « tâches » ou actions que nous souhaitons déclencher sur nos machines.
Un bloc ainsi défini est appelé un « play ».
---
Vous l'aurez noté, les playbooks que nous rédigeons commencent tous avec trois tirets ---
, ceux-ci marquent en effet en syntaxe Yaml, le début du document, ils sont donc indispensables à l'interprétation du fichier.
Ils permettent entre autres d'utiliser des directives en entêtes de fichier ou de disposer de plusieurs flux yaml dans un même fichier (le début de chaque flux étant indiqué par ces trois tirets).
Rappelez-vous nous pouvons traduire les instructions suivantes sous forme de tableaux:
array (
'hosts' => 'web',
'tasks' =>
array (
0 =>
array (
'name' => 'Check if host is alive',
'ansible.builtin.ping' => NULL,
),
),
)
On constate encore plus aisément sous cette forme que la clé tasks
permet de définir un nombre indéfini de « tâches » à exécuter, celles-ci ayant toujours au moins pour structure:
- Un nom (clé
name
); - L'appel à un module ansible (ici nous faisons appel au module
ping
utilisé précédemment) chaque module acceptant ou non des paramètres.
Les modules Ansible
Un module pour Ansible est un composant logiciel qui encapsule une tâche spécifique. Pour résumer, il s'agit d'un bloc de code qui est exécuté par Ansible pour accomplir une action donnée sur un système cible. On trouve notamment des modules capables de gérer des fichiers, d'exécuter des commandes ou encore de gérer des services. Ils peuvent être écrits dans divers langages de programmation, mais la plupart sont écrits en Python. Ansible vient avec une large gamme de modules intégrés pour gérer différents aspects des systèmes, des applications et des infrastructures.
La commande ansible-playbook
Nous avons déjà vu les commandes ansible
et ansible-inventory
au tour de ansible-playbook
En exécutant cette commande ansible-playbook example.yml -i inventories
vous devriez obtenir la sortie suivante ou équivalente (si tout se passe bien).
Nous venons donc de faire appel au module ping mais à l'intérieur d'un playbook. Ce que nous avons en retour et une sortie type d'Ansible sur laquelle on peut remarquer quelques informations toujours intéressantes (tout en bas) avec notamment:
ok
: Le nombre de tâches (tasks) qui se sont correctement exécutées;changed
: Le nombre de changements opérés sur nos machines cibles;unreachable
: Le nombre de machines injoignables (par soucis de réseau par exemple);failed
: Le nombre de tâches en erreur;skipped
: Le nombre de tâches qui ont été ignorées (par exemple si une tâches ne remplie pas certaines conditions prédéfinies).
Les notions de « play » et de « tasks »
Il est bon de noté également qu'un playbook peut contenir plusieurs « plays » nous pouvons donc avoir des tâches attribuées à différents groupes cible comme ceci:
---
- hosts: webservers
tasks:
- name: Check if host is alive # Description of the task
ansible.builtin.ping:
- hosts: dbservers
tasks:
- name: Get stats of a file
ansible.builtin.stat:
path: /etc/hosts
Nous avons dans ce cas de figure deux groupes chacun concerné par une « tâche »:
- Le groupe
webservers
(contenant donc 2 machines) sur lequel nous exécutons le module ping; - Le groupe
dbservers
(contenant également 2 machines) sur lequel nous exécutons le modulestat
.
Le module stat
Le module stat permet d'exécuter la commande système stat
sur un fichier du serveur cible. Il prends différents paramètres que l'on peut retrouver sur la documentation officielle dont le paramètre path
qui lui est obligatoire.
Rappelez-vous également qu'un « play » peut exécuter plusieurs tâches les unes à la suite des autres, exemple:
---
- hosts: webservers
tasks:
- name: Check if host is alive # Description of the task
ansible.builtin.ping:
- name: Execute a simple command
ansible.builtin.shell: echo "Ansible was here !" > ansible.txt
- hosts: dbservers
tasks:
- name: Get stats of a file
ansible.builtin.stat:
path: /etc/hosts
Vous devriez, en jouant votre playbook (ansible-playbook example.yml -i inventories
) obtenir une sortie équivalente à:
À la différence de nos premières tâches, l'utilisation du module shell
a entrainé une modification de l'état des deux serveurs membres du groupe webservers
qu'ansible nous confirme à l'aide de son retour changed
.
Visualiser les machines ciblées
Lorsque l'on dispose de playbook assez longs, il peut-être intérressant de vérifier la liste des hôtes concernés, c'est faisable à l'aide de la commande ansible-playbook example.yml -i inventories --list-host
.
Il est également possible de lister les tâches avec l'option --list-tasks
et bien évidemment de combiner ces deux options ansible-playbook example.yml -i inventories --list-tasks --list-hosts
.
Vous aurez également remarqué la présence d'une information [TAGS]
très utile dont nous parlerons par la suite ;)
Les tâches
Nous avons vu les principes fondamentaux du fonctionnement des « tasks » avec Ansible, mais celles-ci peuvent être plus complexes que celles que nous avons pu voir jusqu'à présent. Afin de s'en rendre compte nous allons déployer un serveur web Nginx sur nos instances web.
Nous allons ajouter une tâche dédiée dans un nouveau playbook que nous appelerons webservers.yml
et qui contiendra les instructions suivantes:
---
- hosts: webservers
tasks:
- name: Install Nginx web server
ansible.builtin.apt:
name: nginx
update_cache: yes
state: present
En l'exécutant (ansible-playbook webservers.yml -i inventories
) vous devriez obtenir la sortie ci-dessous, Ansible nous indiquant qu'il a effectué une modification sur nos machines distantes:
On notera l'utilisation du module apt
(attention, utilisable bien évidemment uniquement avec les distributions basées sur Debian) accompagné de plusieurs paramètres;
name
: le nom du paquet à installerupdate_cache
: Indique qu'il faut effectuer une mise à jour de l'index des paquets avant l'installation.state
: « L'état » dans lequel nous souhaitons avoir le paquet installé (present, absent, latest...)
Vous devriez également pouvoir interroger votre serveur web en utilisant l'IP de votre machine http://XXX.XXX.XXX.XXX
.
L'escalade de privilèges
Avec cette tâche d'installation nous touchons une autre problématique qui est celle de la gestion des droits et notamment la modification de manière globale de l'état d'un système, ce qui relève normalement de la compétence du compte root
, super administrateur des systèmes à base UNIX.
Si nous n'avons pas rencontré de problème jusqu'à présent c'est parce que nous utilisons un lazy Ansible pré-configuré avec certaines directives dans le fichier de configuration d'Ansible dont nous reparlerons un peu plus tard.
Il est toutefois possible le cas échéant, d'indiquer au niveau d'une tâche que celle-ci réclame des droits d'administrateur et qu'il faut déclencher une escalade de privilèges. Cela se fait en utilisant des clés réservées comme ci-dessous (en reprenant la tâche d'installation Nginx):
---
- hosts: webservers
remote_user: debian
tasks:
- name: Ensure Nginx service is started
service:
name: nginx
state: started
become: yes
become_user: root # This is the default value, so it's not mandatory here
On remarquera les clés:
remote_user
: Précisant l'utilisateur avec lequel se connecter à la machine;become
: Indiquant s'il faut déclencher une escalade de privilèges;become_user
: Indiquant le nom du compte utilisateur vers lequel faire l'escalade (Par défaut root).
Le mécanisme utilisé par Ansible pour faire son escalade est par défaut la commande sudo
, il est possible de modifier ce comportement avec la clé become_method
.
Organiser ses tâches
Nous avons vu que chaque « play » peut contenir plusieurs tâches, il faut savoir que celles-ci sont exécutées dans l'ordre dans lequel elles apparaissent et sur l'ensemble des machines qui correspondent à leur domaine d'application (un groupe ou une machine). Le but de chacune de ces tâches est d'exécuter un module (nous en avons déjà vu plusieurs, ping, stat, apt, shell), chaque module se devant d'être idempotent garantissant ainsi que peu importe le nombre de fois ou il sera exécuté il produira toujours le même résultat si ses paramètres d'entrée demeurent inchangés.
Il est important que chaque tâche dispose d'une clé name
fournissant des instructions claires sur son rôle (pensez à la maintenance).
Ceci-dit il est bon de savoir que nos tâches peuvent être organisées de différentes manières et notamment en utilisant les différentes sections que l'on peut trouver dans un playbook:
pre_tasks
: Contient les tâches à exécuter en premier;roles
: Indiquant une liste de rôles à utiliser dans notre « play » (Nous verrons cette notion plus tard);post_tasks
: Contenant les tâches à exécuter en dernier;handlers
: Contenant des tâches déclenchées à la fin de chaque bloc ou section de tâches en fonction de certains évènements.
La section pre_tasks
Elle correspond à une exécution conditionnelle d'un bloc de code AVANT de lancer le « play », elle peut être chargée soit de vérifier des pré-requis soit de valider un état.
Souvenez-vous au moment d'installer notre paquet Nginx nous avions ajouté le paramètre update_cache
afin de mettre à jour l'index des paquets. Mais nous avons une autre option qui se présente, plutôt que de faire figurer cette option sur chaque appel au module apt
que nous aurons dans notre playbook, nous pouvons gérer la mise à jour de l'index des paquets avant de le jouer.
Modifions notre playbook webservers.yml
de la façon suivante:
---
- hosts: webservers
pre_tasks:
- name: Updating APT cache index
ansible.builtin.apt:
update_cache: yes
tasks:
- name: Install Nginx web server
ansible.builtin.apt:
name: nginx
state: present
Et exécutons le, nous devrions obtenir la sortie suivante:
Où l'on constate qu'effectivement la première tâche exécutée est notre mise à jour d'index de paquets (nous parlerons plus en détails de la tâche « Gathering facts » lorsque nous aborderons les variables)
Nous ne détaillerons pas la section post_tasks
puisqu'elle fonctionne exactement de la même manière.
Les handlers
Bien, reprenons notre exemple d'installation d'Nginx, nous avons un paquet « tout neuf » auquel nous n'avons apporté aucune configuration pour l'instant. Imaginons à présent que nous souhaitons ajouter un fichier de configuration spécifique pour notre serveur web, pour notre exemple nous mettrons en place un fichier qui nous renvoie simplement un « état » de notre serveur Nginx.
En premier lieu nous allons créer un nouveau répertoire appelé files
à la racine de notre espace de travail lui même contenant un répertoire nginx
(histoire d'organiser un minimum les choses) dans lequel nous ajouterons le fichier status.conf
contenant:
server {
listen *:8080;
root /usr/share/nginx/html;
access_log off;
location / {
return 404;
}
location = /nginx/status {
stub_status on;
}
}
Modifions à présent notre fichier webservers.yml
de la façon suivante:
---
- hosts: webservers
pre_tasks:
- name: Updating APT cache index
ansible.builtin.apt:
update_cache: yes
tasks:
- name: Install Nginx web server
ansible.builtin.apt:
name: nginx
state: present
- name: Nginx status configuration file
ansible.builtin.copy:
src: nginx/status.conf
dest: /etc/nginx/conf.d/status.conf
Si tout s'est déroulé correctement vous devriez avoir un fichier status.conf
nouvellement créé par Ansible sur vos machines cibles dans le répertoire /etc/nginx/conf.d/
.
Pour terminer nous pouvons vérifier que notre configuration fonctionne bien en interrogeant l'adresse: http://XXX.XXX.XXX.XXX:8080/nginx/status... ou pas !
Le module copy
Le module copy
permet de gérer les fichiers de nos machines cibles à savoir leur création, leur suppression mais également leur type (n'oubliez pas, sur des systèmes UNIX tout est fichier !). Il permet notamment de transférer des fichiers de configuration vers des machines. Par défaut à son utilisation Ansible recherche le fichier passé en paramètre dans le répertoire files
de l'espace de travail.
En l'état actuel vous devriez avoir pour toute réponse une page blanche, en effet bien que notre fichier de configuration ait été déposé sur le serveur, Nginx ne le prend pas encore en compte car le service n'a pas été redémarré. C'est là qu'entre en jeu les handlers !
Les handlers sont des tâches un peu particulières qui ne se déclenche que lorsqu'elle sont notifiées. Complétons notre playbook de manière à obtenir la configuration suivante:
---
- hosts: webservers
pre_tasks:
- name: Updating APT cache index
ansible.builtin.apt:
update_cache: yes
tasks:
- name: Install Nginx web server
ansible.builtin.apt:
name: nginx
state: present
- name: Nginx status configuration file
ansible.builtin.copy:
src: nginx/status.conf
dest: /etc/nginx/conf.d/status.conf
notify:
- restart_nginx
handlers:
- name: restart_nginx
ansible.builtin.service:
name: nginx
state: restarted
En rejouant notre playbook ansible-playbook webservers.yml -i inventories
nous constons que cela n'a rien changé ! Effectivement, comme dit précédemment un handler réagit à un évènement, dans notre cas à la modification du fichier status.conf
. Comme nous ne l'avons pas modifié le handler n'a pas été notifié.
En introduisant une modification dans notre fichier (par exemple en modifiant la directive access_log
pour la passer à off) nous devrions enfin pouvoir accéder à notre page de statut à l'adresse: http://XXX.XXX.XXX.XXX:8080/nginx/status.
Vous devriez également pouvoir constater l'exécution du handler sur la sortie Ansible:
À retenir: Les actions de type notify
sont déclenchées à la fin de chaque bloc de tâches d'un « play » donné, elles ne le sont bien évidemment qu'une seule fois même si elles sont appelé plusieurs fois.
Il est également possible d'ajouter à un handler une clé listen
comme ci-dessous, celle-ci indiquant au handler « d'écouter » un thème spécifique permettant de regrouper plusieurs « handlers ».
handlers:
- name: restart_nginx
ansible.builtin.service:
name: nginx
state: restarted
listen: restart_http_stack
- name: restart haproxy
ansible.builtin.service:
name: haproxy
state: restarted
listen: restart_http_stack
Point de progression
Nous savons à présent gérer:
- L'installation d'un environnement Ansible;
- Utiliser l'inventaire
- Créer des playbooks
Nous pouvons toutefois encore apporter un peu de dynamisme à ces premières notions par l'introduction de variables dont nous parlerons dans la suite.
Aller plus loin avec les sources
- https://docs.ansible.com/ansible/latest/playbook_guide/playbooks_intro.html
- https://docs.ansible.com/ansible/2.9/modules/list_of_all_modules.html
- https://yaml.org/spec/1.2.2/#912-document-markers
- https://docs.ansible.com/ansible/latest/playbook_guide/playbooks_privilege_escalation.html
- https://docs.ansible.com/ansible/latest/playbook_guide/playbooks_handlers.html#handlers
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